Past

Mélanie Matranga

Nervous

22 May - 26 Jun, 2021. Arles

Exhibition details:
Mélanie Matranga
Nervous
May 22 – Jun 26, 2021

Gallery:
19, rue de la Madeleine
13200 Arles

Dans les catacombes des Capucins à Palerme, des corps dressés, alignés, habillés, vestiges d’une pratique monacale un temps anoblie, ordonnent un théâtre de pantomimes.

Gardiens désincarnés et sans lustre, vêtus d’oripeaux, leurs figures sidérantes se muent en de graves memento mori dans un spectacle aliénant à force de répétitions. Mélanie Matranga retourne à ce souvenir et dans l’ancienne chapelle expose des squelettes momifiés, aux os de tissus et à la peau de papier, aux lumières cliniques de lampes à sodium. Simulacres de mort.s à la présence tout à la fois naïve et grotesque, baignés dans une atmosphère d’autoroute, ils s’inscrivent dans une mise en scène plus interrogative qu’assertive.

La figuration, qui jusqu’alors ne se profilait souvent qu’en creux dans l’œuvre de Mélanie Matranga, s’y manifeste par appropriation, comme un objet, fétichisée. Les tissus ordinaires dans lesquels se découpaient nos singularités contrariées constituent ici des ossatures précaires, dont les vêtements neutres et épurés peinent à dissimuler la vulnérabilité. Abrasés par la lumière incandescente et artificielle, leur matérialité fragile, bricolée, s’y révèle. De cette transparence jaillit une humanité dérisoire et contrainte, rejouée dans toute l’exposition. Les entrelacs de fils électriques miment une communication éruptive et brouillonne en réseau fermé ; la musique saccadée invite à une danse qu’entrave la solennité des lieux. Sur ces mouvements contraires, ces balancements équilibristes, ces ambiguïtés tenues, s’articule une proposition sous forme de recherche, allant d’un point à un autre, irrésolue. L’extérieur, le public, le collectif s’entremêlent à l’intériorité, la singularité, le folklore au banal, le bricolé au précieux, le vivant à la mort, le jour à la nuit.

De cette fluidité plastique et cognitive surgit une effervescence, un bouillonnement fécond appuyé par la frontalité de l’installation, son évident dérangement et sa brutalité comique. Ils sont comme autant d’attaques à un processus de mortification, qu’il soit inéluctable ou propre aux espaces transformatifs que sont les temples religieux et artistiques. Ils sont des désirs résistants, des invitations à la communion. Sous leurs effets corrosifs se dévoilent une improbable tendresse, la maladresse et la démesure de nos tentatives tantôt chancelantes – telles ces maigres squelettes – tantôt héroïques – l’éclairage intense – pour habiter le jour et habiller la nuit.

– Coralie Dupinet

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